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JEAN JULLIEN: STUDIOLO – MIMA

 ↝ LE MIMA

Le Millennium Iconoclast Museum of Art est dédié à l’art actuel. Aujourd’hui, les artistes communiquent directement avec le public, sans l’aide d’intermédiaires. Internet a redéfini notre société, donnant toujours plus de voix aux subcultures. L’art urbain est ainsi devenu un mouvement majeur, porte-parole d’une culture cosmopolite et décloisonnée.

Au travers des œuvres de Parra, Swoon, Faile, Todd James et de multiples expositions temporaires, le MIMA vous raconte l’histoire de cette Culture 2.0.

STUDIOLO

 > 30.06 – 31.12.2023


Jean Jullien est un homme pressé, pas stressé. Après Seoul en 2022, le français Jean Jullien (°1983) débarque à Bruxelles accrocher ses peintures intimistes accompagnées d’une forme de roman graphique autobiographique peint à même les murs du musée.

A l’aube de la Renaissance au 14ème siècle, le poète et érudit italien Pétrarque réactualisait dans son livre « De Vita solitaria » l’idée antique de posséder pour l’humaniste un lieu de retraite dans sa demeure pour converser avec Dieu et les Muses. Fils de cette idéal, le studiolo apparaissait au siècle suivant sous la forme d’un cabinet d’étude voué à la réflexion intellectuelle et orné des sujets de prédilection qu’affectionnaient le maître des lieux.

Au fil de la visite du studiolo de l’artiste créé pour le MIMA , des commentaires illustrés ornant les murs répondent aux œuvres environnantes et conversent avec elles. Ces expressions (con)textuelles font résonner la voix de l’artiste dans les peintures. Ici le Jean Jullien illustrateur, dans la veine d’un Tomi Ungerer, Sempé ou Savignac, rencontre le peintre Jean Jullien pour partager une réflexion sur le bonheur dans notre relation aux autres et à l’environnement.

Il interroge d’abord le regard égocentrique de l’enfant sur le monde avec une installation immersive d’une scène de jeu plus grande que nature où la disposition des jouets relève d’une histoire imaginaire. Dans les espaces suivants, les portraits et les scènes de vies ouvrent une porte sur l’intimité de l’artiste. L’entourage et les lieux définissent ici l’individu.

Au deuxième étage, la réflexion de Jean Jullien devient plus globale en montrant
des grands paysages colonisés par l’humain en vacances. Dans un environnement extérieur qu’il paraît pourtant dominer, l’Homo Sapiens semble parfois n’y être qu’un corps étranger. La séquence se termine avec les commentaires de la mère de l’artiste sur l’habitat comme cellule élémentaire du bien-être et ceux du père à propos de la place réservée à la nature dans l’espace urbain. Cet héritage intellectuel est une source d’inspiration essentielle pour le peintre.

En conclusion à tout cela et sous la forme pittoresque d’une fresque panoramique au dernier étage, le français raconte l’histoire passée et future de l’humanité. La ligne du temps subjective sous la forme d’un paysage en dit autant sur l’auteur que sur l’Histoire. Elle est une métaphore de l’individu: une somme d’histoires personnelles et collectives en mouvement perpétuel.

Hormis la série de portrait, le point de vue du peintre dans le tableau reste à une certaine distance de son sujet diluant ainsi les contours des personnages en silhouettes anonymes dans lesquels votre imagination peut facilement se projeter. En outre, la taille des personnages confère aux paysages une dimension parfois grandiose, où l’environnement semble dominer l’humain. Par ce simple jeu de composition, l’artiste feint de représenter son intimité pour ouvrir une fenêtre sur vos propres souvenirs.

Sans vouloir l’affirmer, j’imagine au beau milieu d’une séance de méditation, il y a 2500 ans, que ce soit la vision d’un tableau de Jean Jullien qui ait inspiré au grand philosophe chinois Confucius cette pensée: “La joie est dans tout ce qui nous entoure, il suffit de savoir l’extraire.”

Raphael Cruyt, commissaire de l’exposition

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